À travers les hommes et les paysages, nous assistons au dernier inventaire d’une civilisation rurale, dressé non sans tendresse par un septuagénaire en quête de successeur, dont William S. Merwin investit le regard avec acuité pour livrer sa cueillette de visiteur étranger. Empathie extrême qui fait apparaître les mille et une brisures et petitesses où la vie se trahit et s’échange… Le prêtre que Merle emmène à la « bonne fontaine » pour le guérir d’un mal humiliant est certainement le personnage le plus émouvant. Il pose la question de la transmission symbolique de l’héritage humain, y compris le plus spirituel, ou de sa liquidation définitive. Si cette secrète urgence habite les pages des Dernières vendanges de Merle, elle n’empêche pas de suivre paisiblement, et même de goûter comme un vin de Cahors, la tournée minuscule et grandiose de ce personnage provincial qui cache tant de finesse à l’ombre de son béret.
William S. Merwin est né à New York en 1927. Son œuvre poétique représente une trentaine de titres. Il a reçu deux fois le Prix Pulitzer de poésie en 1971, puis en 2009. En 2010, il est nommé « Poet Laureat » aux États-Unis par la Bibliothèque du Congrès.