Le monde cheminot s’est constitué à Périgueux en 1857 avec l’ouvrage de la ligne de chemin de fer venant de Coutras. L’implantation, dans la plaine marécageuse du Toulon, des ateliers de réparation des machines à vapeur et des voitures de la Compagnie du Paris-Orléans (PO), scellera le destin industriel de la ville. Les hommes du chemin de fer renvoient l’image d’une communauté. Mais depuis le milieu des années 1960, cette communauté s’est décomposée sous l’effet des mutations du travail et de la transformation des modes de vie : perte d’identité ouvrière d’abord mais aussi disparition d’un monde, celui de la » grande famille « , du centre d’apprentissage, du club sportif, du quartier. Cette transformation annonce, d’une manière plus pessimiste, la diminution du nombre d’agents du chemin de fer et leur éventuelle disparition. La fin du monde cheminot baigne alors dans la nostalgie d’un âge d’or, mais a-t-il jamais existé ?
Jean-Serge Eloi est né à Périgueux en 1951. Agrégé de Sciences sociales, docteur en sociologie, il enseigne les sciences économiques et sociales à Bayonne.