Yvon Delbos, un des symboles de la « République des professeurs » des années vingt, a eu le parcours exemplaire de l’agrégé de l’université mettant sa plume au service du journalisme politique. Devenu un leader radical en vue, il fit une belle et longue carrière au Parlement et dans les gouvernements sous les IIIe et IVe Républiques. Ministre des Affaires étrangères de 1936 à 1938, il fut l’homme de la non-intervention en Espagne. Opposant à l’armistice en 1940, il est déporté à Orianenburg de 1943 à 1945. À son retour, il reste un homme respecté dans son parti, mais affaibli ; déçu dans ses engagements européens, il subit l’échec de sa candidature à l’Elysée en 1953 et la perte du leadership radical en Dordogne au profit de Georges Bonnet.
Injustement oublié, Yvon Delbos est une des grandes figures « rad-soc » des IIIe et IVe Républiques. Il eut un destin original en son temps : homme d’appareil plus que notable local, passionné du Périgord et de « son » Sarladais et un des premiers Européens, luttant pour des idées et non pour le pouvoir, fermement attaché à la République parlementaire. Ne fut-il pas l’inspirateur du personnage de Jerphanion dans l’œuvre romanesque de Jules Romains, Les hommes de bonne volonté ?
Bernard Lachaise, né à Verteillac en Dordogne, en 1945, agrégé d’histoire, spécialiste de l’histoire contemporaine, enseigne à l’université Michel-Montaigne-Bordeaux III
Pour reconstituer la vie d’Yvon Delbos, il a dépouillé systématiquement les archives publiques, locales et nationales, celles du parti radical et de la presse ; il a eu aussi accès à des documents privés et a utilisé de nombreux témoignages oraux.