« Là-bas il n’y a que des pierres. C’est le causse perdu. »
Dans ce récit, le poète américain William S. Merwin décrit sa rencontre avec des bergers du causse et son installation sur un plateau du Haut-Quercy. Il raconte une vie au rythme des saisons et évoque la cueillette des champignons, des noix, la distillation des prunes, les moutons des voisins, le temps qu’il passe à s’occuper méticuleusement du potager qui le nourrit. Tout ce monde tranquille est bouleversé par des changements inéluctables ; le poète les décrit avec une grande finesse et à travers le regard original et juste de l’étranger qui devient « local ».
Note sur l’auteur
William Stanley Merwin est né à New York en 1927. Grand traducteur de poésie (Neruda, Follain, Dante, Mandelstam et bien d’autres), auteur depuis le début des années 1950 de nombreux recueils de poèmes ainsi que de récits et d’essais en prose, William S. Merwin reçut deux fois, chose rare, le prix Pulitzer de Poésie : en 1971 pour The Carrier of Ladders (il fit don de la récompense à la cause anti-guerre du Vietnam) et en 2009 pour The Shadow of Sirius. En 2010, il est nommé « Poet Laureate » aux États- Unis.
Au début des années cinquante, il avait acheté une vieille bâtisse à moitié en ruines dans le causse du Haut Quercy – ce qu’il appela « l’autre pôle de ma vie » – où il rédigea une partie de son œuvre. William S. Merwin s’est éteint en mars 2019 dans sa maison d’Haiku à Hawaï où il s’était installé dans les années soixante-dix et où l’avait rejoint son épouse Paula (†2017). Il n’oublia pas le causse où il avait planté un jardin de roses anciennes, et où il revenait souvent. À Maui, il sema 14 000 palmiers ; il en survit aujourd’hui environ la moitié.
Note sur la traductrice
Françoise Palleau-Papin est agrégée d’anglais, ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Fontenay-Saint-Cloud et professeure de littérature de langue anglaise à l’université Sorbonne Paris Nord, dont elle dirige l’unité de recherche Pléiade.
Depuis la réédition du recueil The Lost Upland par l’éditeur Shoemaker & Hoard en 2005, puis l’édition d’une sélection de la poésie en deux volumes chez l’éditeur canonique Library of America en 2013, Françoise Palleau-Papin explore l’univers de Merwin, dans sa prose comme dans sa poésie. Elle a publié deux articles sur The Folding Cliffs, un long poème narratif qui retrace un épisode historique du traitement des lépreux à Hawaï au XIXème siècle contre les archives faussées par la colonisation. C’est dans un souci de transmission d’une telle vision critique, à visée réparatrice, qu’elle enseigne les textes du poète aux étudiants de Villetaneuse.