Pays, paysages, paysans limousins
J’habite le centre de la France, une province, en pente, sur les flancs du robuste massif auvergnat. Nos fenêtres de granit s’ouvrent vers l’ouest d’où nous viennent plus d’averses que de soleil. Mais elles sont magnifiquement fleuries d’ajoncs, de genêts, de forêts de châtaigniers. La lumière qui nous éclaire est grise et bleutée quand elle tombe du ciel, mais elle se teinte d’un délicat reflet de vitrail verdâtre en glissant sur les prairies, les étangs et les immenses taillis.
II pleut souvent et il pleut beaucoup sur nos collines. Elles tiennent de ces averses continuelles leur fraîcheur, leur verdure. Jusqu’au plus chaud de l’été, les châtaigniers et les prairies sont encore d’un vert bon teint ; par les brûlants après-midi, les vipères glissent voluptueusement à travers les gazons tièdes, dans l’ombre légère des fougères, jusqu’au creux des vallons où les sources mouillent les joncs et entretiennent des massifs de fausses renoncules d’un vert noirâtre.
Jean Orieux