Au Souf, lorsque quelqu’un ne réalise pas une situation, on dit de lui :
« Quel orage, ô mon cousin Noé !. (ia Khi guerra ia Nouh ia ould Khalti »
J. Scelles-Millie, Contes sahariens du Souf
« Quand je suis arrivé à Oran, pour y enseigner, en 1948, je n’étais ni communiste ni « pour les Arabes ». Avec quelques amis, ensuite, nous avons voulu fonder un groupement Fraternité Algérienne, pour que les Arabes et les Européens s’entendent. Projet utopique, il faut le reconnaître, car les intransigeants étaient majoritaires : les uns eussent voulu que l’Histoire demeurât immobile, les autres qu’elle accomplît son destin. Ce temps-là, mieux que le cinéma, la carte postale en fixe l’image instantanée. Et Bernard Zimmermann, avec pudeur, ramène ainsi en France un peu de cette terre, de ces odeurs, de ces bruits d’une Algérie perdue. Car, sur place, ce passé-là s’efface, inexorablement ; pour disparaître à jamais? Chacun de ceux qui ont vécu là-bas en témoigne, il semblerait qu’en certains lieux, cent ans de « présence française » n’ont pas eu plus d’effet qu’une tique sur la queue d’un chameau…
Marc Ferro Extrait de la préface