Le poème de Paul Celan est publié ici pour la première fois ; il a été composé à la suite d’une rencontre qui eut lieu en Dordogne au cours de l’été 1964 – rencontre avec un pays lointain, rencontre d’amis.
Les circonstances sont rapportées avec toute la précision nécessaire ; elles fournissent une contribution au problème de la relation entre la sphère autonome de la création, qui préexiste, et l’expérience externe, qui lui est intégrée.
C’est toujours d’un recommencement et d’un enrichissement qu’il s’agit, de l’affirmation renouvelée d’un témoignage porté au loin, d’une mise à l’épreuve, en fait d’une véritable expérimentation de la position poétique initiale, réflexive, tournée sur elle-même, tirant de ce contrôle son audace et sa liberté.
Le commentaire, joint à l’analyse, peut servir d’introduction à la lecture de l’œuvre. Le plus extraordinaire n’est pas la rencontre d’un poète allemand et d’une tour périgourdine, en un méridien où convergent pour quelques heures plusieurs lignes de cœur, ni non plus que plane sur une poésie si contemporaine l’ombre ambiguë de l’ode hölderlinienne. Le plus extraordinaire est l’empreinte d’un rythme dans une langue que, pour proche qu’elle puisse avoir été, il fait étrangère à jamais.
Jean Bollack