Né à New York en 1927, William S. Merwin a vécu en Espagne, en Angleterre, en France, au Mexique, à Hawaï et à New York. Il a traduit Pablo Neruda, Jean Follain, Ossip Mandelstam et Le Purgatoire de Dante. Son œuvre poétique représente une vingtaine de titres.
William Merwin a été distingué par de nombreuses fondations et institutions (Prix Pulitzer en 1970). Sous le titre Many Mountains Moving (2001), vingt-cinq poètes américains se sont réunis pour rendre hommage à celui en qui Mark Irwin voit » une sorte de Virgile contemporain » et que David St. John appelle » The Last Troubadour « .
Quand l’éditeur National Geographic a demandé à des écrivains réputés un » livre de voyage » voué à leur lieu de prédilection, le poète William S. Merwin a choisi Ventadour, étrange domaine poétique dont la célébrité mondiale demeure retentissante, alors qu’au fond de la montagne limousine les décombres de son château paraissent depuis deux siècles s’ébouler indéfiniment. Trois raisons à cela.
La première est dans la visite que le poète de dix-huit ans rendit à Ezra Pound dans sa chambre d’hôpital à Washington pour s’entendre conseiller l’étude et la traduction de la lyrique médiévale, en particulier dans la langue que l’on disait alors » provençale « , l’occitan des troubadours.
La seconde provient du hasard, pas si inconséquent, qui amena William S. Merwin en Europe et lui fit dépenser ses trois sous d’héritage pour acheter une maison sur le causse quercynois en pleine terre des troubadours.
La troisième est l’immense curiosité de William S. Merwin pour ce mystère esthétique que fut l’éclosion de la veine lyrique du trobar (poème et musique) au XIIe siècle occitan, d’où procède finalement l’ensemble de notre tradition poétique et musicale en Occident. C’est ainsi que ce livre de voyage est devenu récit d’apprentissage sous la plume d’un des plus grands poètes de notre temps.
On peut atteindre le cœur de l’œuvre de Merwin en suivant les trajets où sa mémoire nous mène : sur les traces de l’occitan, cette langue d’or depuis des siècles en voie d’extinction et toujours miraculeusement illustrée par de grands poètes. Cette actualité de la langue ramène à l’aventure que furent en France même les séjours du poète américain, découvrant tout d’abord un monde paysan encore pétri de mœurs et teinté de paroles médiévales puis après quelques années d’ » exil » aux USA, s’apercevant que la civilisation dont il avait recueilli les derniers échos était morte. Ce qui ne tarit pas l’amour qu’il porte à ce pays, berceau de poésie et foyer de valeurs humaines dont Merwin se montre un ardent défenseur.