L’Ennemi de la Mort est l’œuvre culminante d’Eugène Le Roy, je crois, à coup sûr la plus personnelle, la plus riche d’idées et de sentiments, mais aussi la plus désespérante. Lorsque le docteur Charbonnière, après avoir usé de ses forces et dépensé sa fortune à convaincre les paysans de la Double d’assécher leurs étangs afin de débarrasser cette mortelle région des maladies qui la consument et de la noire misère qui l’étreint, lorsque cette âme évangélique s’éteint, abandonnée au milieu des bois, réduite au plus extrême dénuement, haïe de tous ceux qu’elle a voulu sauver (et que son idée sauvera un jour après elle), il semble qu’on touche, comme en certaines pages de la Bible, le fond de l’amertume humaine. Une sorte de mysticisme intransigeant, sombre et sans espoir, plane sur cette fin tragique, où ne se retrouve plus guère, il me semble, l’humeur sociable, vaillante et rieuse de notre race.Alfred de Tarde L’Esprit périgourdin et Eugène Le Roy, 1921 Commencé le 30 septembre 1904 et achevé d’ébaucher le 31 décembre 1906, le roman L’ennemi de la Mort sera le dernier d’Eugène Le Roy et le seul à être publié après sa mort.
Déjà affaibli, il en termine la mise au net le 12 mars 1907 avec l’aide de son fils Richard et charge son ami Edouard Michaud de corriger les futures épreuves. Il n’en voit paraître de son vivant qu’un seul extrait, publié le 27 avril suivant dans la revue Pages libres, et s’éteint le 6 mai 1907. Quatre-vingt-dix ans après la mort de l’auteur, les Éditions Fanlac nous proposent une nouvelle publication de ce roman, rehaussée de bois de Maurice Albe. Elles nous entraînent par là même à redécouvrir un texte plein d’un sombre réalisme et d’une certaine fatalité et à méditer la réflexion qu’il inspira à Rachilde en 1912: «Est-ce que partout l’homme n’est pas l’ennemi de l’homme, sinon l’ennemi de la vie tout entière?» François Bordes |
L’Ennemi de la mort
23,50 €
L’Ennemi de la Mort est l’œuvre culminante d’Eugène Le Roy, je crois, à coup sûr la plus personnelle, la plus riche d’idées et de sentiments, mais aussi la plus désespérante.