Rappelez-vous le début de Pierrot le Fou : Belmondo sort d’une librairie, jubilant et les bras chargés de bouquins. La séquence suivante le montre jubilant plus encore et lisant jusque dans sa baignoire un texte qu’il déclame à voix haute: c’est l’Histoire de l’Art d’Élie Faure. Et il le lira encore dans l’île, tandis qu’Anna Karina s’ennuie et jette des cailloux dans l’eau …
Pourquoi Élie Faure? Pour la joie sans doute, l’enthousiasme, le lyrisme. Pour l’amour fou, la perdition par la femme et, par la femme aussi, l’accès à la connaissance. La vie comme matériau à brûler et l’art comme forme de la transcendance. L’anarchie mais aussi le Héros et, par-dessus tout, le mouvement comme valeur suprême.
N’est-il pas beau d’imaginer Élie Faure studieusement penché à sa table de travail et créant des harmonies pour les romantiques de tous les temps, lui qui douta jusqu’à la fin de la survie de son œuvre ?