La vie de Jean Lachaud se confond avec la profonde mutation de l’agriculture familiale, non seulement du grand Sud-Ouest tabacole, mais de toutes les régions où l’herbe à Nicot avait fait souche depuis la création du monopole français des tabacs. Culture à revenu garanti, «étatisée» depuis Napoléon Ier, le tabac fut un pilier essentiel des petites exploitations familiales jusqu’aux années soixante.
La création de la Communauté économique européenne, puis la montée en puissance du marché unique promettait une explosion du monde tabacole français structuré autour de sa puissante Fédération des planteurs, défendant les intérêts de cent mille familles à la fin des années cinquante. Devant l’inéluctable mutation, la vision prospective d’une poignée d’hommes (du SEITA, de l’APEP et du syndicalisme tabacole) permit d’ouvrir le chantier de l’adaptation des mentalités.
Jean-Pierre Barjou
Né à Fumel en 1953, journaliste après avoir été professeur de lettres, il a passé son enfance et sa jeunesse dans le Marmandais, au contact du monde rural structuré autour d’une agriculture familiale où le tabac tenait encore un rôle souvent essentiel. Instituteurs itinérants agricoles, ses parents s’étaient fortement impliqués dans l’aventure des ClAP. Cette expérience des planteurs à Bergerac alimentait bien des conversations familiales.